Mai 2006Remise des prix Art Sciences et LettresÉcrivaine, Biographe, Rédactrice, Correctrice, Relectrice Malouine

 

Artiste Peintre et Écrivaine empathique, esthète et synesthète

Comme la plupart des artistes, je suis née esthète, empathique, et hyper sensible. Mais comme très peu d’entre eux (Vladimir Nabokov, Vassily Kandinski, Stevie Wonder, Duke Ellington, Arthur Rimbaud, Charles Beaudelaire, Paul Verlaine, etc.), je suis synesthète. Ce mot résume quelques anomalies : la perception extrême, par tous mes sens, des vibrations émises par les sons, les couleurs, les mots, les voix, les aliments, les vins, les parfums, les êtres, et surtout, la superposition simultanée, arbitraire, et systématique de ces perceptions. Pour moi, les phrases ont un parfum, et les musiques suscitent des sensations physiologiques inexplicables. Le texte qui suit, extrait de mon livre sur la voyance, illustre mon propos.

Après mon quatrième anniversaire, je fis ma seconde rentrée à la Maternelle. J’étais aux anges de voir que des paroles allaient prendre « forme », devenir des dessins. Seule me gênait l’absence de couleur. Comment pouvait-on prononcer un A tracé à la craie blanche sur un tableau noir ? Encore, le tableau aurait été vert, mais non. J’avais beau imiter la voix de l’institutrice en prononçant cette lettre, je n’en démordais pas ; la première voyelle ne pouvait qu’être verte. Le lendemain, ce fut le tour du , qui me séduit tout de suite, puisque le blanc de la craie s’accordait parfaitement avec le son de la deuxième voyelle. Pour les autres voyelles, nous dûmes attendre le lundi suivant. Entre-temps, sur du papier kraft*, je me régalai à tracer des A verts, des E blancs, minuscules, majuscules, l’un après l’autre, l’un au-dessus de l’autre, etc.
— Pourquoi n’essaies-tu pas de les colorer en rouge, en bleu ou en jaune ?
— Parce que ça ne leur irait pas. 
Pourtant dotée d’un sens affûté de la repartie, Maman ne trouva rien à dire ; elle repartit, amusée et inquiète.
Le İ  du lundi m’enchanta comme une bougie allumée ; je sus qu’il serait jaune pour toujours. Le mardi, le me réjouit comme une balle de Jokari prête à rebondir, rouge évidemment. Il était temps qu’arrive le mercredi, parce que, sans le , j’aurais dû passer le jeudi à dessiner des mots sans donc sans bleu, car aussi loin que je m’en souvienne, le , dans ma tête, ne pouvait qu’être bleu, violet à la rigueur. Quant au Y, sa forme me ravissait, mais je n’avais pas de couleur à lui consacrer. L’Y serait la voyelle neutre. Qui, de Maman ou de l’institutrice, en parla la première à l’autre ? Qui sait si elles se parlèrent, après tout, je n’en sais rien. Je me rappelle que, sur mon cahier de classe — celui que nous déposions au bord de notre pupitre avant de rentrer chez nous, et que nos parents devaient lire et signer chaque mois —, il y avait eu un petit mot destiné à mes parents, que je ne sus lire qu’après plusieurs semaines : « Colette écrit bien, mais elle passe trop de temps à colorier les voyelles. » Madame Hervé est morte sans jamais savoir que cette appréciation était une prédiction.
L’année suivante, à cinq ans, je fus autorisée à passer à la fois en troisième année de Maternelle, et en première année de solfège à l’école de musique, ce qui donnerait à mes parents une nouvelle occasion de s’interroger plus encore sur mon fonctionnement cérébral. En effet, les notes de musique et les clés musicales furent une illumination : cette écriture-là permettait de chanter, de jouer des sons et même de se taire, de faire du silence ! Mon cerveau affamé s’empressa de colorer également les mélodies, en toute liberté cette fois, puisque de l’inaudible à l’ultra audible, de l’ultraviolet à l’infrarouge, il n’y aurait de limite qu’à mes propres perceptions. Toujours prompte à nous instruire en toutes occasions, Lucette pensa encourager mon intérêt pour la lecture en me présentant un poème intitulé « Voyelles**». Trop jeune pour comprendre la grandeur de ce poème, je retins que ce poète et moi n’étions d’accord que sur le E, mais que, d’après Lucette, c’était déjà bien.
À six ans, en classe de 11e, je fus enthousiasmée d’apprendre, grâce à la merveilleuse madame Le Guennec, qu’en lisant à haute voix, on pouvait et devait « y mettre le ton », donc enrichir le texte des couleurs de la voix, et enrichir la voix d’une sorte de musique. Je me rappelle avoir été heureuse et soulagée en découvrant qu’apprendre permettait de comprendre –– un peu––, et d’accepter –– faute de mieux –– ce qui m’arrivait quotidiennement, et que mes pauvres parents avaient du mal à suivre.

* - Pourquoi du papier Kraft ? Essayez donc de colorer en blanc des E, ou toute autre figure, sur du papier blanc…

** « Voyelles » : sonnet en alexandrins écrit par Arthur Rimbaud entre 1971 et 1972. 1re publication le 5 octobre 1883 dans la revue « Lutèce ».

 

Grande Médaille, et Palmes de Vermeil de la Société académique ARTS-SCIENCES-LETTRES, sous l’égide de l’Académie Française

Rédactrice, Relectrice, et Correctrice de 33 livres d’auteurs divers (Patricia Chalon, Michel Cymès, Didier Pleux, Dominique Molard, etc.) pour les éditions MARABOUT, BELIN, PRAT, CALEÏDO, EYROLLES, PLON, STOCK, MOLARD

Auteure de nombreux textes de présentation d’artistes pour DROUOT COTATION

 

Auteure de trois livres :

« Petites navigations entre amis »  Éd. Cité des Livres 2023 - Se procurer le livre en ligne - 4ème. de couverture

« La Voyance, ça s’attrape comment ? À grands coups de pieds occultes ! »  Éd. Marabout 2017 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

« L’Emblondie »  Éd. Librinova 2015 - Se procurer le livre en ligne 

  Petites navigations entre amis  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.  l'emblondie  

 

Artiste Peintre, Portraitiste, Restauratrice de tableaux à l'huile

Membre de la Société Nationale des Beaux Arts

La genèse de ma peinture

Un mercredi de bruine de 1970, j’arpentais Rennes avec deux amis étudiants aux Beaux-arts, quand nous vîmes, sur un trottoir situé entre la mairie et La Poste, un artiste de rue occupé à dessiner une vierge à l’enfant. Nullement inquiet de l’humidité ambiante, il réalisait un tableau sublime. L’on ne distinguait aucune marque de craie. Les passages d’une teinte à l’autre étaient si habilement fondus, que l’on eut dit un bas relief. L’émotion fut si profonde que je déclarai à mes compagnons : « Un jour, je ferai un tableau comparable, mais à la peinture à l’huile, au pinceau, sur une toile. » Les deux garçons éclatèrent de rire : « Tu n’es pas aux Beaux Arts, et tu n’as jamais eu un cours de peinture ! Ne rêve pas, Coco ; pour ce résultat, il faut des pastels ou un aérographe, pas des pinceaux. »
Dépitée mais têtue, j’ai tenté vainement, durant plusieurs années, d’obtenir ce fondu des couleurs, ces contours poudrés. Enfin, le 4 janvier 1998, à 2 heures du matin, debout devant mon chevalet, mon pinceau fit une tache sur la toile. Je versai quelques gouttes d’essence de térébentine sur un chiffon pour effacer la bavure, et c’est à cet instant que je découvris le secret…
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors, ils l'ont fait. »*
Je continue à penser que si j’avais été instruite par des professeurs de peinture académique, je n’aurais pas découvert ma chère méthode, puisque je ne l’aurais pas imaginée..

* Citation attribuée à Mark Twain

Colette et Le Regain  

Distinctions – Récompenses :

2006 : Médaille d’Argent de l’Académie Arts-Sciences-Lettres

2005 : 1er Prix de Peinture au Salon d’Hiver de Lyon

2004 : 1er Prix de Peinture décerné par le Conseil Général du Rhône

 

 

Réalisation web SOSPC35