FRANCE DIMANCHE 11 août 2017
« Comment j’ai découvert mes dons de voyance ! » Article d’Alicia Cornet
Colette Ollivier-Chantrel. Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Alors qu’elle vivait un moment douloureux de son existence, Colette s’est découvert des dons de voyance. C’était en 1988. Aujourd’hui, cette sexagénaire évoque dans son autobiographie*, avec lucidité et humour, le « triste privilège » de recevoir les clients pour leur prédire l’avenir.
« Mon père me trouvait un peu bizarre et mon entourage se doutait que j’avais des dons de médium, mais je n’envisageais pas d’être voyante, de recevoir des gens pour leur raconter leur vie, d’autant qu’au début, je ne contrôlais ni mes visions, ni mes paroles involontaires.
Un jour, alors que je soignais une cliente étendue sur le lit de soin de mon institut de beauté, j’ai eu ce que l’on appelle « un flash de voyance », et entendu ma voix prononcer : « Je vous sens en danger, faites très attention à votre mari, il peut être violent et je le vois essayer de vous étrangler. » Soudain redressée, la cliente a dit que j’avais l’air… ailleurs : « Je ne suis pas fâchée, étonnée seulement, car il a vraiment voulu m’étrangler dans un moment d’égarement et c’est vrai qu’il peut être violent. »
Très jeune, j’ai été témoin de manifestations étranges ; naturellement rustique, j’y accordais peu d’importance jusqu’à l’âge de 34 ans, quand mon jeune fiancé est mort. Quelques jours après son décès, je suis allée répandre ses cendres en mer, mais aujourd’hui encore, je n’ai aucun souvenir des heures qui suivirent. La seule chose que je me rappelle est d’être revenue à moi ce soir-là chez mes parents, hagarde, tremblante, trempée. Le traumatisme affectif n’expliquait pas tout ; commençant à douter de mes facultés cérébrales, mes parents et moi avons pensé que je devenais peut-être dingue.
Le généraliste et le neurologue qui m’ont alors examinée m’ont trouvée hyper émotive, hyper sensible et plutôt originale, mais en m’assurant que je n’étais pas dangereuse pour autrui… Peu après cette disparition, j’ai consulté une voyante qui m’a révélé ma médiumnité en me soumettant à un test à partir de photos de personnes que je ne connaissais pas. Je pouvais capter les événements passés enfouis dans l’inconscient d’une personne, puis entrevoir et prédire son avenir.
Après avoir été accueillie par Maud Kristen et Chantal Hurteau-Mignon au sein de « Delta Blanc », association créée dans le but de moraliser l’exercice de notre profession, et munie de leur code de déontologie sévère, donc rassurant pour moi autant que pour mes futurs consultants, je me suis installée à Saint-Malo en tant que voyante.
Autre exemple : j’ai eu la visite d’une de mes camarades de lycée qui gérait une agence de travail intérimaire. En discutant avec elle, je lui ai simplement dit ce que je ressentais en sa présence : « J’entends parler allemand autour de toi, et je vois des tableaux, des statues… Envisages-tu une nouvelle carrière d’artiste par hasard ? » Elle m’a ri au nez et s’en est allée. Quelques mois plus tard, elle tombait éperdument amoureuse d’un sculpteur allemand qui lui a transmis l’envie de modeler et sculpter, alors que rien ne la prédisposait à suivre cette voie-là… Elle en a fait son métier.
Je compare ma fonction à celle d’éclairagiste : j’oriente un projecteur sur la mémoire enfouie des consultants, les aidant ainsi à redécouvrir leurs talents oubliés, à se réconcilier avec leur vie, à ressentir de nouvelles motivations. À ceux qui sont au bout du rouleau, physiquement, financièrement, affectivement, je précise que je ne détiens pas de pouvoirs magiques, seulement l’empathie, l’intuition, et le don de remettre en ordre les pièces éparpillées de leur puzzle intime par l’humour autant que par la clairvoyance.
La seule chose que je ne révèle jamais à mes clients, c’est la mort à venir, pour eux-mêmes ou leur entourage : si je me trompe, ils souffriront inutilement ; si j’ai raison, ils souffriront avant l’heure sans rien pouvoir y changer. Bien sûr, il m’arrive de la voir rôder… »
Recueilli par Alicia Comet
* « La voyance, ça s’attrape comment ? à grands coups de pieds occultes ! » (Éd. Marabout) 2017.