Mensuel Horoscope N° 811 Octobre 2017

De l’esthétique à la boule de cristal


Dans un livre autobiographique, Colette Ollivier-Chantrel nous raconte l’histoire d’une petite bretonne qui se découvre peu à peu des dons pour la voyance. Des angoisses inhérentes à cette révélation à l’acceptation devant l’évidence, elle nous fait partager ce long chemin avec humour.
Par Dominique Chaudey


Du plus loin que Colette se souvienne, elle a toujours été « spéciale ». Elle savait pertinemment que quelque chose d’extraordinaire était en elle. Mais quoi, telle était la question. Par exemple, elle voyait un halo lumineux autour des gens. « J’ai le souvenir de l’avoir toujours vu, j’ai appris à fuir ceux qui sont entourés de rouge foncé, comme papa quand il était en colère… », dit-elle. Heureusement pour elle, elle a baigné dans un univers familial bienveillant, plein de tendresse pour la personnalité quelque peu extravagante de cette enfant pas comme les autres. D’ailleurs, son grand-père, parti trop tôt, a été le premier à la rejoindre et à l’accompagner depuis l’au-delà.
Colette et Coco
Et c’est là, la force de Colette. Elle n’a jamais été vraiment seule. D’autant qu’elle s’est créé très tôt une acolyte imaginaire : Coco. La Coco en question jouait le rôle de la sceptique, de la fantasque qui remettait tout en question avec drôlerie. Ainsi, quand Colette a ses premiers épisodes de voyance, Coco, un peu jalouse, lui lance : « Tu as beau voir des trucs et des machins, tu n’es pas beaucoup plus utile que moi. Na ! Et puis, qu’est-ce qui me prouve que tu n’as pas inventé toutes tes bizarreries ? Hein ? » Avec Coco, Colette devance toutes les questions qu’on pourrait se poser. C’est justement la force de ce roman autobiographique : l’auteure doute autant que le lecteur. Tout est sujet à interrogation et à réflexion. Et, honnêtement, elle avance : « Je n’espère ni convaincre, ni enseigner, seulement témoigner. »
Colette et Rictus
Rictus est un chien issu des amours d’une danoise et d’un terre-neuve, cadeau un peu empoisonné d’un futur ex-petit ami. Colette a découvert l’ampleur de ses dons de magnétiseuse avec Rictus. Un soir, le toutou est pris de convulsions. Il ne mange plus, ne boit plus. Il a la truffe brûlante. Colette contacte Claude, son cousin vétérinaire, qui lui assène : « C’est probablement une gastro, particulièrement dangereuse pour les chiots ; je crains que… » C’est alors que Colette a l’idée de faire à Rictus l’un des massages drainants dont elle a le secret et dont raffolent les clientes de son salon d’esthétique. Lors de ce massage, elle voit une lueur blanchâtre, comme une tornade entre sa main et la peau de l’animal. Rictus guérit immédiatement.
Colette et Éric
De ses premiers succès de magnétiseuse à ses séances de voyance, Colette est pédagogue. Elle explique tout simplement et avec humour comment elle fait, ce qu’elle ressent : « Imposer les mains sur un corps pour le soigner en se disant : “Zut, ce soir, il y a un bon film à la télé !” n’entraînera guère d’amélioration chez le “patient”. » C’est un drame qui a révélé définitivement ses dons : le décès de celui qu’elle considère encore aujourd’hui comme l’amour de sa vie, Éric. Et tout ce qui est arrivé ensuite a fini par convaincre son entourage qu’elle était une « vraie » voyante (au point que ses proches l’ont aidée à se professionnaliser). Elle raconte : « Sans quitter le regard de Lucette [sa mère], je touche le dos d’un livre, qui tombe ouvert à l’avant dernière page. Juste avant le mot FIN, le dernier paragraphe s’achève sur “Erik est mort”. Maman reste muette quelques instants puis, soumise à cette non-coïncidence, elle tentera la dérision… »
Colette et son salon d’esthétique
C’est en grande partie avec sa famille, et surtout les clientes de son salon d’esthétique, que Colette a appris à découvrir toute l’importance de ses possibilités, à maîtriser son don et à parfaire ses techniques de divination. Ainsi, c’est André T., un très proche, qui lui a dit, au cours d’un repas : « Tu vas déménager à la f n de l’été prochain. Il y aura la mort d’un homme très important pour toi… Je vois aussi que tu as le pouvoir, oui, le pouvoir… » Il a été l’un des premiers à ressentir son talent. Les clientes du salon n’ont pas été en reste. Dès qu’elles se sont rendu compte que Colette avait des dons de magnétiseuse, elles l’ont poussée à développer ceux de médium. Comme Nicole qui, lors d’un massage particulièrement apaisant, lui dit : « Colette, c’est incroyable ! Ce n’étaient pas vos mains ; celles-là étaient plus grandes, glaciales pour commencer, puis très vite brûlantes… L’avez-vous senti aussi ? » De quoi aider Colette à se poser les bonnes questions.
Colette et sa nouvelle vie
Fermer son institut n’a pas été aisé. Elle a eu peur, elle l’assume. Elle l’explique d’ailleurs ainsi : « La voyance ne s’enseigne pas, même si la pratique et le temps nous aident à affiner nos perceptions.
Ce drôle de métier n’est sanctionné par aucun diplôme, aucune reconnaissance officielle. La divination est une discipline exempte de discipline, socialement parlant… » Mais aujourd’hui, elle vit sa nouvelle vie passionnément. « Quand les consultants prennent rendez-vous, je suis impatiente. Mais quand j’entends leurs pas dans l’escalier, je n’en mène pas large… J’ai le trac. » Un peu comme les artistes. D’ailleurs, Colette est aussi… peintre. Tout est question d’images.

Coup de pied occulte
Ce livre est un récit autobiographique. Il raconte le chemin initiatique de Colet e Ollivier-Chantrel vers la voyance, ce don qu’elle apprendra à développer. Sa plume est drôle, un brin caustique, jamais narcissique. L’auteure dessine les différentes étapes que traverse une médium en devenir : la surprise, l’angoisse, la curiosité, la peur… À mettre entre les mains de tous les sceptiques. Ce livre est un régal.
La voyance, ça s’attrape comment ?, par Colette Ollivier-Chantrel, éditions Marabout, 17,90 €

 

Réalisation web SOSPC35